Kathialyn Borissoff conjugue le subjonctif à un nouveau temps :

le plus-qu’imparfait ! Sa plus belle déclinaison ? Cinq photographies de chaises, fragmentées et mises en équilibre les unes par rapport aux autres, Ostéogénèse imparfaite, qui rendent des parcelles d’objets signifiantes et poétiques. Une fois décontextualisées, démantibulées, réinventées bout à bout, elles questionnent la fragilité des choses… et des êtres. Tout, dans cette oeuvre qui combine la photographie, la sculpture [ les chaises ne sont plus des objets du quotidien ] et l’installation, est le fruit d’une déviance de l’objet vers l’imaginaire, d’une réalité vers le chimérique : « l’objet n’est plus que la représentation de l’absence d’un corps ».Ce corps tapi dans l’ombre d’abstractions étranges et éphémères. Squelettes de chaises, mais aussi tables, objet de mémoire et réceptacle d’usages, qu’elle utilise comme palimpseste : dépassant l’expérimentation, elle travaille sur les expériences vécues, réelles ou fictives, véhiculées par la table… Ou par le balai, comme dans sa vidéo performance Curling qui pose un regard décalé et drôle sur le geste banal de balayer. En riant des tâches quotidiennes détournées, Kathialyn Borissof invente une narration de l’absurde à partir d’un objet ou d’un geste qu’elle met en scène ou chorégraphie [ elle a pratiqué la danse pendant dix ans ] : visible ou suggéré, le mouvement se glisse à travers l’ossature d’une chaise ô combien humaine, à travers des objets en kit qui déambulent dans un appartement [ vidéo d’animation Yta ]. Aujourd’hui, plus que jamais, elle s’intéresse aux mythes, aux situations de vie. Même les plus inattendues, comme se filmer se cognant la tête contre une porte sans oser l’ouvrir ou s’échapper… Une autre représentation de son corps « comme une petite caricature », légère et acide.

 

Kathialyn Borissoff conjugates a new tense of the subjunctivemood: the plu perfect! Its most beautiful declension? Five photographs of chairs, fragmented and in balance in relation to each other, Ostéogénèse imparfaite, which make parts ofobjects meaningful and poetic. Once out of context, dismantled, reinvented bit by bit, they question the fragility of things… and people. Everything, in this artwork which combines photography,sculpture [ chairs are no longer everyday life objects ] and installation, is the result of the object drifting towards the imaginary, from reality to the irrational: « the object is just the representation of the absence of a body ». This body lurking in the shadow of strange and fleeting abstractions. Chair skeletons, but also tables, memory object and usual receptacles, that she uses as a palimpsest: beyond experimentation, she works on lived experiences, whether real or fictitious, conveyed by the table…Or by the broom, like in her performance video Curling which looks at the mundane action of sweeping in a quirky and humorous way. While making fun of daily chores shown in a different way, Kathialyn Borissof invents an absurd narration based on an object or a gesture that she stages or choreographs [ she has danced for ten years ]: the visible or implied movement sneaks in through the framework of a very human chair, through packaged objects which walk around an apartment [ animated video Yta ]. Today, more than never, she is interested in myths, in life situations. Even the most unexpected ones, like filming oneself banging one’s head against a door without venturing to open it or running away… Another representation of one’s body «as a little [ light and sharp ] caricature».

 Marie Godfrin